1. Présentation
Baytir Kâ, Président de l‘Association
Sénégalaise des Professeurs de Français
Formateur au CRFPE
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Ainsi depuis 1961,
ce statut privilégié n’a pas changé ; mais il n’en est pas de même pour son utilisation. Dans la communication écrite, malgré la codification de 17 langues locales et les avancées de l’alphabétisation, le français garde encore sa prépondérance. En effet, pratiquement toute la production écrite est en français (administration, presse écrite, commerce, etc.)
ce statut privilégié n’a pas changé ; mais il n’en est pas de même pour son utilisation. Dans la communication écrite, malgré la codification de 17 langues locales et les avancées de l’alphabétisation, le français garde encore sa prépondérance. En effet, pratiquement toute la production écrite est en français (administration, presse écrite, commerce, etc.)
Par contre, dans la communication orale, si naguère, le français occupait tout l’espace politique et socio-économique, les langues locales, surtout le wolof, occupent une part de plus en plus importante, notamment dans les médias (radio, télévision). De nombreuses études ont montré que le wolof, parlé par environ 80 % de la population, est la langue la plus parlée à travers le pays. En 2010, selon l’OIF, seuls 20 à 30 % de la population utilisent le français dans la communication courante. Un taux qui paraît faible pour le rôle « d’avant-gardiste » que joue le Sénégal dans la promotion de la langue française. Toutefois, les opinions restent assez mitigées sur la question. Pour certains, le français est en net déclin, pour d’autres, il est en extension, mais, avec des variations qui s’écartent de la norme standard (une langue mixte qui mêle le français aux langues locales).
2. Langue française et enseignement-apprentissage
De manière générale, l’école est le vecteur de l’enseignement-apprentissage du français parlé et écrit. Cet enseignement-apprentissage a connu plusieurs réformes. D'abord reposant sur des choix politiques motivés par l’idéologie de l’affirmation de l’identité culturelle (1974), ces différentes réformes se sont orientées vers des choix didactiques avec l’introduction de l’approche par les objectifs (1995), puis l’approche par les compétences (2005).
Malgré toutes ces réformes, depuis une dizaine d’années, la baisse générale du niveau linguistique
des apprenants et des enseignants en français, à tous les niveaux d’enseignement, est un fait admis de tous. Ce qui impacte négativement sur les résultats des élèves, comme en attestent les évaluations faites par des spécialistes et les résultats aux examens scolaires (CFEE, BFEM, BAC). Cette situation a amené les décideurs politiques, les pédagogues, les partenaires de l’école à réfléchir sur l’avenir de cette langue et qui ont permis de s’accorder sur des principes d’amélioration de l’usage de la langue support de toute action pédagogique. Cela est d’autant plus nécessaire car il y a manifestement la concurrence accrue de l’anglais (augmentation sensible des écoles bilingues : français-anglais).
Ainsi pour continuer à maintenir l’aura du français, il est évident qu’il faut :
• Agir sur la didactique du français qui pourrait s’appuyer sur le partenariat avec les langues locales. C’est peut-être la voie pour améliorer les performances des élèves et faire du français une véritable langue de développement;
• Utiliser les médias pour passer des émissions renforçant la qualité de la langue parlée ;
• S’ouvrir au milieu professionnel dit « informel » pour récupérer les jeunes ouvriers qui ont quitté l’école prématurément ;
• La didactique de l’oral : un élément fondamental pour l’apprentissage et la maîtrise de la langue
• Renforcer la professionnalisation des professeurs de français qui sont les passeurs de la langue à travers des projets de renforcement de capacités.
3. La formation
C’est dans ce sens que les Centres régionaux de Formation de Personnels de l’Éducation (CRFPE) ont un rôle très important à jouer. En effet, ils ont pour missions d’assurer la formation initiale et continue des personnels enseignants. Dans le document du PAQUET (Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence), cet extrait est assez explicite : « Un accent particulier devra être mis sur la réforme du dispositif de formation initiale et continue des enseignants. Il s’agira également de renforcer la pertinence des curricula, d’améliorer les environnements et les opportunités d’apprentissage et de mettre en place un dispositif efficace de suivi/évaluation continu des intrants, des processus, des performances et de l‘impact des apprentissages ».
Mais cette formation passe inévitablement par le renforcement des capacités linguistiques des enseignants. C’est la mission assignée aux formateurs qui se doivent d’encadrer, de conseiller les professeurs de français pour leur permettre de parfaire leur pratique de la langue à l’écrit comme à l’oral. C’est à ce prix que l’enseignement de la langue et de toutes les disciplines trouvera son efficacité permettant ainsi de relever le niveau des apprenants.
Pour terminer, il faut reconnaître que le français est lié à notre culture et comme dit l’Autre : « le français est comme un butin de guerre : on ne le jette pas, on ne le rend pas ». Par conséquent nous devons le défendre, l’améliorer, l’adapter à nos cultures, à notre parler quotidien. La performance des apprenants dans tous les domaines est fortement liée à la maîtrise du français.
Merci pour cette analyse. Y a-t-il des succès enregistrés dans le plus grand anonymat? C'est ce genre d'actions, ce sont ces réussites qu'l nous faut promouvoir...
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