mardi 23 janvier 2018

Harmonisation du Baccalauréat dans les pays membres de l'UEMOA

Harmonisation du Baccalauréat dans les pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : l’expérience du Sénégal.

1.     Contexte
 L’UEMOA est un espace économique et monétaire qui regroupe les pays suivants : Sénégal, Mali, Côte d’ Ivoire, Burkina Faso, Bénin, Togo, Niger et Guinée Bissau. Ainsi dans le souci de rendre plus performante l’organisation du  baccalauréat dans cet espace, un diagnostic a été fait afin de trouver des solutions aux insuffisances notées. A titre d’exemples, sur le plan pédagogique, certaines  épreuves du BAC sont limitées à un échantillonnage des ressources (savoirs, savoir-faire) qui peuvent laisser  des pans entiers de l’apprentissage non évalués. Il y a aussi l’inadéquation entre les exigences d’une réforme des curricula (Approche Par les Compétences) et les évaluations au Bac. Cette situation provoque ainsi une insécurité énorme, et génère des mécanismes de fraude parce que les élèves se représentent le BAC comme « une loterie » qui consiste à deviner les leçons ou chapitres qui seront choisis.  
2       . Résolutions
Face à cette situation, le Conseil des Ministres de l’UEMOA depuis le 04 juillet 2007, a instauré une coopération entre pays membres afin de créer les conditions d’une harmonisation du bac. De ce fait , 4 disciplines ont été choisies à titre expérimental pour ce projet : le français, l’histoire et la géographie, les mathématiques et les sciences de la vie et de la terre. Les  pistes de cette  réforme sont entre autres, la détermination du nombre d’épreuves obligatoires,  la couverture totale ou partielle du programme dans les épreuves de l’examen, mais aussi  l’’amélioration des curricula, des modalités et pratiques d’évaluation. L’objectif est de réduire les échecs et les réussites abusifs des apprenants, d’évaluer un profil de sortie de l’enseignement secondaire, mais surtout celui d’entrée dans l’enseignement supérieur pour leur faciliter une insertion future dans le monde socioprofessionnel. Dès lors les épreuves d’évaluation doivent  comporter une part significative d’items qui permettent d’évaluer les compétences  de l’élève. Donc pour relever un tel défi, tous les pays de l’UEMOA, doivent procéder à une formation des professeurs sur la formulation des consignes des épreuves  répondant à l’APC. En français par exemple, il s’agit de travailler pour l’instant  sur  formulation de compétences terminales (situations complexes)  en dissertation et commentaire suivi ou composé par la transformation des consignes  initiales en vigueur depuis plus d’une décennie.
Ainsi au Sénégal, grâce au soutien de l’Office du bac et au travail remarquable des Inspecteurs de l’Education et de la Formation, les professeurs, les conseillers pédagogiques, les inspecteurs de l’enseignement moyen et secondaire ont été formés pour une appropriation des nouvelles consignes et leur dissémination…

3        Les compétences retenues :
a . Dissertation
ü  Un sujet à orientation littéraire pour les séries L et S
ü  Le sujet pour les séries S pourrait avoir une problématique à la fois littéraire et scientifique
ü  Les références du sujet, dans le cas d’une citation, doivent être clairement précisées (auteur, ouvrage, contexte dans lequel les propos ont été tenus)
ü  Les termes du sujet ne doivent pas constituer des obstacles majeurs à l’interprétation de la formule. En tous les cas, le candidat doit pouvoir s’appuyer sur des  ressources contextuelles présentes dans la formulation pour interpréter les notions essentielles
ü  La consigne doit être très explicite en indiquant les orientations (axes) du plan
ü  Des ressources utiles à la construction des illustrations doivent être proposées
ü  Le sujet sera accompagné de propositions de correction (un plan plus ou moins détaillé et une grille de correction.)
b.Le commentaire de texte
ü  Le texte doit être extrait de l’œuvre d’un auteur consacré
ü  Il doit présenter, à ce titre, un intérêt littéraire évident
ü  On évitera un montage déformant
ü  Les références du texte doivent être complètes et précises (auteur, œuvre, date etc.)
ü  Un lexique sera proposé pour les mots difficiles
ü  Deux consignes seront proposées dont une consigne pour le commentaire suivi proposant le mouvement du texte et une autre pour le commentaire composé proposant les centres d’intérêt
ü  L’indexation des outils d’analyse du texte (figures de style, syntaxe, lexique etc, se fera de manière précise dans le cas où ces instruments ont une fonction textuelle typifiante. Autrement, on les indiquera en des termes génériques
ü  On proposera des éléments pour la correction de l’épreuve :
-          Un plan plus ou moins détaillé pour chaque type de commentaire
-          Une grille de correction pour chaque type de commentaire



En somme,  il faut reconnaître  que l’harmonisation du Bac est un vaste projet qui demande une mobilisation des ressources humaines et financières. Cependant cela passe inévitablement par  les réformes des programmes en vigueur et le changement de comportement dans les enseignements-apprentissages. Pour sa réussite, il est nécessaire de partager les ressources   mais aussi  convaincre les enseignants de la nécessité d’améliorer les méthodes de conception et d’élaboration des épreuves . En plus, il faut une vaste implication des pouvoirs publics dans les prises de décisions administratives. Enfin puisque cette réforme s’appuie sur l’Approche Par les Compétences,  il est évident que par la formation continuée, ce défi sera relevé à court terme d’autant plus que l’UEMOA compte soutenir l’organisation d’un Bac Blanc en 2018 au Sénégal.

Baytir Kâ
Formateur au CRFPE de Dakar
Président de l’Association des Professeurs 
de Français d’Afrique et de l’Océan Indien (APFAOI)


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