Harmonisation
du Baccalauréat dans les pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) : l’expérience du Sénégal.
1. Contexte
L’UEMOA est un espace économique et monétaire qui
regroupe les pays suivants : Sénégal, Mali, Côte d’ Ivoire, Burkina Faso,
Bénin, Togo, Niger et Guinée Bissau. Ainsi dans le souci de rendre plus
performante l’organisation du baccalauréat dans cet espace, un diagnostic a
été fait afin de trouver des solutions aux insuffisances notées. A titre d’exemples,
sur le plan
pédagogique, certaines épreuves du BAC sont
limitées à un échantillonnage des ressources (savoirs, savoir-faire) qui peuvent
laisser des pans entiers de l’apprentissage
non évalués. Il y a aussi l’inadéquation entre les exigences d’une réforme des
curricula (Approche Par les Compétences) et les évaluations au Bac. Cette
situation provoque ainsi une insécurité énorme, et génère des mécanismes de fraude parce que les élèves se
représentent le BAC comme « une loterie » qui consiste à
deviner les leçons ou chapitres qui seront choisis.
2
. Résolutions
Face à cette situation,
le Conseil des Ministres de l’UEMOA depuis le 04 juillet 2007, a instauré une
coopération entre pays membres afin de créer les conditions d’une harmonisation
du bac. De ce fait , 4 disciplines ont été choisies à titre expérimental pour
ce projet : le français, l’histoire et la géographie, les mathématiques et les
sciences de la vie et de la terre. Les pistes de cette réforme sont entre autres, la détermination du
nombre d’épreuves obligatoires, la couverture totale ou partielle du
programme dans les épreuves de l’examen, mais aussi l’’amélioration des curricula,
des modalités et pratiques d’évaluation. L’objectif est de réduire les échecs et les réussites abusifs des apprenants, d’évaluer un
profil de sortie de l’enseignement
secondaire, mais surtout celui d’entrée
dans l’enseignement supérieur pour leur faciliter une insertion future
dans le monde socioprofessionnel. Dès lors les épreuves d’évaluation doivent comporter une part significative d’items qui
permettent d’évaluer les compétences de l’élève.
Donc pour relever un tel défi, tous les
pays de l’UEMOA, doivent procéder à une formation des professeurs sur la
formulation des consignes des épreuves répondant à l’APC. En français par
exemple, il s’agit de travailler pour l’instant sur
formulation de compétences terminales (situations complexes) en dissertation et commentaire suivi ou composé par
la transformation des consignes
initiales en vigueur depuis plus d’une décennie.
Ainsi au Sénégal,
grâce au soutien de l’Office du bac et au travail remarquable des Inspecteurs
de l’Education et de la Formation, les professeurs, les conseillers pédagogiques,
les inspecteurs de l’enseignement moyen et secondaire ont été formés pour une
appropriation des nouvelles consignes et leur dissémination…
3
Les compétences retenues :
a . Dissertation
ü Un sujet
à orientation littéraire pour les séries L et S
ü Le sujet
pour les séries S pourrait avoir une problématique à la fois littéraire et
scientifique
ü Les
références du sujet, dans le cas d’une citation, doivent être clairement
précisées (auteur, ouvrage, contexte dans lequel les propos ont été tenus)
ü Les
termes du sujet ne doivent pas constituer des obstacles majeurs à
l’interprétation de la formule. En tous les cas, le candidat doit pouvoir
s’appuyer sur des ressources
contextuelles présentes dans la formulation pour interpréter les notions
essentielles
ü La
consigne doit être très explicite en indiquant les orientations (axes) du plan
ü Des
ressources utiles à la construction des illustrations doivent être proposées
ü Le sujet
sera accompagné de propositions de correction (un plan plus ou moins
détaillé et une grille de correction.)
b.Le commentaire de texte
ü Le texte
doit être extrait de l’œuvre d’un auteur consacré
ü Il doit
présenter, à ce titre, un intérêt littéraire évident
ü On
évitera un montage déformant
ü Les
références du texte doivent être complètes et précises (auteur, œuvre, date
etc.)
ü Un
lexique sera proposé pour les mots difficiles
ü Deux
consignes seront proposées dont une consigne pour le commentaire suivi
proposant le mouvement du texte et une autre pour le commentaire composé
proposant les centres d’intérêt
ü L’indexation
des outils d’analyse du texte (figures de style, syntaxe, lexique etc, se fera
de manière précise dans le cas où ces instruments ont une fonction textuelle
typifiante. Autrement, on les indiquera en des termes génériques
ü On
proposera des éléments pour la correction de l’épreuve :
-
Un plan plus ou moins détaillé pour chaque type
de commentaire
-
Une
grille de correction pour chaque type de commentaire
En somme, il faut reconnaître que l’harmonisation du Bac est un vaste projet
qui demande une mobilisation des ressources humaines et financières. Cependant
cela passe inévitablement par les
réformes des programmes en vigueur et le changement de comportement dans les
enseignements-apprentissages. Pour sa réussite, il est nécessaire de partager
les ressources mais aussi convaincre les enseignants de la
nécessité d’améliorer les méthodes de conception et d’élaboration des épreuves .
En plus, il faut une vaste implication des pouvoirs publics dans les prises de
décisions administratives. Enfin puisque cette réforme s’appuie sur l’Approche
Par les Compétences, il est évident que
par la formation continuée, ce défi sera relevé à court terme d’autant plus que
l’UEMOA compte soutenir l’organisation d’un Bac Blanc en 2018 au Sénégal.
Baytir Kâ
Formateur au
CRFPE de Dakar
Président de
l’Association des Professeurs
de Français d’Afrique et de l’Océan Indien (APFAOI)
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